Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/51

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encore séparé du non-moi (1828, leç. 6e, p. 15) pourrait-elle rapporter à Dieu les vérités qui la dominent ? (1828, leç. 6e, p. 12). Comment pourrait-elle songer à d’autres à qui il serait juste de les imposer ? (1829, p. 46). Comment dans un état, dans un moment de l’intelligence où aucun jugement négatif n’a lieu (leç. 6.e, p. 7, fragm. philos. p. 340), pourrait-on se dire que ces vérités ne sont pas notre ouvrage ?

Vous voyez que je pourrai bien multiplier les questions et les citations ; mais il me semble que celles-ci suffisent pour prouver qu’il y aurait contradiction flagrante à affirmer une telle croyance dans un tel état. Et il me semble pourtant que vous êtes tombé dans la contradiction en affirmant la possibilité. Car, si d’un côté cet il semble que j’ai tant cité, est trop peu pour établir le principe de l’autorité ; il est trop pour la chose même, puisque l’on peut et l’on doit dire : il est évident que l’intelligence dans le moment de l’inspiration ne peut se croire à aucun point ni le droit d’imposer des vérités aux autres, ni quoi que ce soit.

Je dis dans le moment de l’inspiration ; car je dois croire que c’est bien dans ce moment que vous placez la possibilité de se croire le droit d’imposer aux autres les vérités qu’on a aperçues par elle. Si, pour éviter la contradiction, je voulais me figurer que c’est dans la raison qui se connaît, dans l’intelligence où le moi est séparé du non-moi que vous placez cette croyance conjecturale, vous ne le permettriez pas. Car cette distinction, cette connaissance c’est l’œuvre de la réflexion : la volonté serait intervenue ; ce serait la réflexion toute personnelle qui produirait et commanderait la foi pour un fait dont elle serait le juge et le témoin ; ce serait par suite d’une opération toute volontaire que l’autorité se serait reconnue.

Mais il y a plus : outre la nécessité et l’impossibilité de reconnaître la condition de la spontanéité