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qui, lorsqu’on les ouvrait le matin, criaient sur leurs gonds, de façon qu’on les entendait jusqu’à Nevers. »

Sur les pentes abruptes qui conduisent à la montagne, « il fallait — disent-ils encore — du temps de la vieille ville, cinq paires de bœufs pour monter un char. » Ils ajoutent que la ville fut ruinée et montrent près du Beuvray un mamelon par lequel l’ennemi déboucha : une bergère aurait révélé le point vulnérable, et pour sa récompense, le chef des ennemis lui aurait percé le cœur d’un coup d’épée, dans la crainte qu’un repentir tardif ou une nouvelle indiscrétion n’avertît trop tôt les habitants que la trahison était consommée. Après la destruction de la ville, suivie d’un grand massacre, les survivants auraient quitté la montagne et fondé Autun.

Quand l’Histoire est muette, il faut se contenter de la Légende — tel est le cas présent — mais, hâtons-nous de le dire, celle-ci n’a rien d’invraisemblable ; en effet, bien que la première ne nous fournisse aucun détail sur la fin de Bibracte et les commencements d’Augustodunum, il est fort à croire que la forteresse éduenne ne fut point anéantie sans qu’il y ait eu quelques résistance de la part de la population indigène. D’un autre côté, il est à peu près démontré que de graves insurrections — dont les historiens ont à peine parlé — éclatèrent en Gaule avant le commencement de l’empire, et furent réprimées avec une cruauté dont César n’avait que trop donné l’exemple.