Page:Opuscules philosophiques et littéraires. La plupart posthumes ou inédites.djvu/35

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sions, de même qu’on ne peut se donner des goûts et des passions ; mais on peut conserver les illusions qu’on a ; on peut ne pas chercher à les détruire ; on peut ne pas aller derrière les coulisses voir les roues qui font les vols et les autres machines ; voilà tout l’art qu’on y peut mettre, et cet art n’est ni inutile ni infructueux.

Voilà les grandes machines du bonheur, si je puis m’exprimer ainsi ; mais il y a encore bien des adresses de détail qui peuvent contribuer à notre bonheur.

La première de toutes est d’être bien décidé à ce qu’on veut être et à ce qu’on veut faire, et c’est ce qui manque à presque tous les hommes. C’est pourtant la condition sans laquelle il n’y a point de bonheur. Sans elle on nage perpétuellement dans une mer d’incertitude ; on détruit le matin ce qu’on a fait le soir ; on passe la vie à faire des sottises, à les réparer, à s’en repentir. Ce sentiment de repentir est un des plus pénibles et des plus désagréables que notre