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AU PAYS DE RENNES

soir, il leur disait : « Ceux de vous qui consentiront à aller se coucher sans souper, je leur donnerai un sou. » Quelques-uns acceptaient et allaient dormir le ventre vide.

Le lendemain matin, les pauvres petits êtres criaient la faim et alors le père leur disait : « Ce matin, pour déjeuner, il faut payer un sou. »

Il avait ainsi gagné un repas !

N’est-ce pas épouvantable !

Ce récit doit être vrai, car il nous a été fait bien souvent par de nombreuses personnes de Rennes.

En suivant la rue Leperdit on arrive sur les Lices, l’un des vieux quartiers de Rennes qui évoque de lugubres souvenirs :

Les paisibles habitants de la place du haut des Lices ne se doutent pas aujourd’hui des spectacles affreux et des scènes de sauvagerie qui ont eu lieu sur cette place.

C’était là que s’élevait, avant la Révolution, le gibet où l’on pendait les condamnés à mort.

Le dernier fut pendu le soir, à la lueur des flambeaux.

On transporta son corps, comme celui de ses prédécesseurs, dans un champ près de Saint-Hélier, pour être exposé, tout nu, à la cime d’un arbre.

Tous les pendus, hommes et femmes, complètement nus, étaient transportés dans ce champ et accrochés aux arbres. On les y laissait à la merci des oiseaux de proie et des animaux qui mangeaient la