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Page:Orain - Au pays de Rennes.djvu/219

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CANTON SUD-OUEST DE RENNES

voulut quitter honnêtement et respectueusement des gens qui l’avaient bien accueilli chez eux, et surtout ne pas laisser paraître sa peine devant un rival ; mais il ne fut pas plus tôt hors de la maison que son pauvre cœur déborda de larmes.

Toute la nuitée, il erra dans les champs et les chemins, sans chercher un gîte, bien qu’on fut au mois de novembre et que la glace rompît sous ses pieds. Au point du jour, il reprit le chemin de sa demeure et ne reparut plus à la ferme des Noyers, où, pendant ce temps-là, l’on riait et chantait.

II

L’anniversaire du jour de la naissance du Christ était proche, et la Rose et son fiancé avaient décidé qu’ils iraient à Rennes, la veille de Noël, pour acheter leurs atours de mariés, et qu’ils resteraient à la messe de minuit, pour revenir ensuite réveillonner à la ferme.

C’est aussi à cette époque que l’on paie les fermages. Or Pierre Sauvage devait aller, le même jour, porter à son maître le prix du loyer de sa métairie. Son intention n’était point de passer la vesprée à Rennes ; mais, comme le marquis de Lalleu était à chasser en forêt, force lui fut d’attendre son retour.

Le marquis ne rentra que fort avant dans la nuit. Comme il aimait son métayer pour son savoir et ses connaissances des choses de la terre, il l’engagea à souper avec ses domestiques et à les accompagner ensuite à la messe.