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AU PAYS DE RENNES

distinguer, par un temps clair, la haute futaie de notre Jardin des Plantes. Les sentinelles féodales en vedette nuit et jour à ce poste aérien découvraient ainsi quatre ou cinq lieues de pays.

« L’autre tour est engagée dans un mélange de divers bâtiments nouveaux ou remaniés, et reliés encore à son ancienne muraille ou courtine, que surmonte une galerie donnant sur la route de La Guerche.

« Derrière les tours et les vieilles murailles, des prairies et des rangées de grands arbres, platanes, ormeaux, etc., s’alignent le long du ruisseau d’Yaigne, qui ne roule pas précisément des flots d’argent entre des rives fleuries, mais ce peu de limpidité tient peut-être à la saison pendant laquelle je l’ai visité. Au reste, ce reproche paraîtra probablement fort déplacé dans la bouche d’un habitant des bords de la Vilaine.

« C’est cependant cet humble ruisseau, s’il daignait parler, qui pourrait le mieux raconter l’histoire et tous les mystères de terreur, de joie ou d’amour de son puissant voisin, car, tout petit et imperceptible qu’il est, il en faisait le tour, il emplissait les douves et formait, au pied du géant, une ceinture d’eau profonde qui en était la principale défense. L’âge nouveau est venu lui dire : Va ton chemin ; ne t’arrête plus à baigner ces remparts splendides ou odieux, n’amoncelle plus tes ondes pour les protéger et les rendre