Page:Orain - Au pays de Rennes.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
222
AU PAYS DE RENNES

Il partit aussitôt et revint, en effet, avant l’office apportant six miches de trois livres.

Ennuyé de courir le monde, le seigneur du Plessis-Pillet resta dans le pays, recommença ses orgies et ses désordres, exaspérant ses voisins par ses insultes et ses bravades. Il fit si bien que la guerre lui fut déclarée.

On entendit bientôt la trompette des hommes d’armes et le hennissement des chevaux. C’était l’armée des seigneurs insultés accompagnés de leurs amis venant assaillir le château.

Cerné de tous côtés, Jehan, monté sur son cheval tenta, à la tête de ses gens, de faire une sortie, mais pour un ennemi mis hors de combat dix autres prenaient la place du mort. Force fut à l’assiégé, après avoir vu ses hommes succomber autour de lui, de rentrer dans sa demeure. Comme de coutume le pont-levis s’abaissa de lui-même pour le laisser rentrer et se releva aussitôt après.

L’infortuné seigneur, seul dans son château, réfléchissait au moyen d’échapper à ses ennemis lorsqu’il se rappela que son pacte avec le diable devait bientôt expirer. Comptant les mois et les jours il s’aperçut que les quinze années finissaient le lendemain. Abandonnant alors toute idée de fuite, il prit la résolution de s’ensevelir sous les ruines de sa forteresse. Amassant dans les caves et les salles basses tout le bois et les objets susceptibles d’être consumés, il y mit le feu, regrettant de ne pouvoir brûler avec lui le trésor de la lande, dont il restait encore une bonne partie.