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CANTON DE LIFFRÉ

Des quatre coins du château sortirent des tourbillons de fumée auxquels succédèrent les flammes. Au point du jour, quand les assiégeants qui avaient travaillé toute la nuit à combler les fossés, voulurent escalader les murs, ils reculèrent épouvantés et assistèrent en simples spectateurs à l’anéantissement de leurs espérances.

Des cris déchirants partirent du milieu du brasier quand le sire de Cangé succomba en livrant son âme au diable.

Il ne resta du Plessis-Pillet que le portail et la pierre sur laquelle fut signé le pacte du démon. Cette pierre se voit encore dans une des meurtrières du portail ; elle est marquée de trois taches rouges, larges gouttes de sang tombées de la plume de Satan.

Les habitants montrent aussi une tête, surmontée de deux cornes, sculptée dans la pierre et qui, disent-ils, rappelle la figure du démon.

La chemise que Jehan portait quand il se coupa la veine du bras, fut toute maculée de sang. Il paya une mère-mitaine[1] des environs pour aller la laver à la nuit noire et la battre pour faire disparaître la tache.

La malheureuse lavandière lave encore à l’heure présente, sans pouvoir enlever le sang de la chemise, et les gens assez braves pour passer à l’heure de minuit près du doué du château, entendent le battoué de la mère-mitaine.

Sur le haut de la lande de Clairay on aperçoit l’empreinte du

  1. Sage-femme.