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Page:Orain - Au pays de Rennes.djvu/36

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AU PAYS DE RENNES

« Lorsqu’aux jours des audiences solennelles la grand’chambre ouvre à deux battants ses portes massives, et que sur les tapisseries tendues le long des murailles se détachent les robes noires des avocats et les robes rouges des conseillers avec, au fond, les présidents aux toges fourrées d’hermine, on se croirait reporté à deux siècles en arrière, aux beaux jours de ce Parlement de Bretagne qui défendit si vaillamment jusqu’à la fin la cause des libertés bretonnes.

« En cette logette dorée qui surplombe dans un angle de la salle, on s’attend à voir apparaître Mme de Sévigné, venant ouïr quelque mémoire de son cousin Montmoron, ou bien encore quel que rapport sur les Réformations de noblesse, élaboré par le conseiller Des Cartes.

« C’est sur ce banc tendu de velours que le procureur-général de La Chalotais fulminait ses réquisitoires ; et, dans une vision évocatrice du passé, le rêveur l’aperçoit, la tête haute, et d’un geste fougueux scandant ses mercuriales éloquentes, tel que le représente la statue érigée à la porte d’entrée du Palais.

« S’il nous était permis de formuler un vœu, nous souhaiterions de voir rétablir au faîte des toitures le couronnement de plomb aux aiguilles dentelées qui l’ornait autrefois, comme on le peut voir