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-= ^ LE SYMBOLISME ^ -

Le retour fut orageux. Dans les milieux littéraires, Verlaine, au temps de la Commune, s'était lié d'ami- tié avec Arthur Rimbaud, la plus extraordinaire figure de ce temps, qui mérite une étude à part. Rimbaud était un enfant, mais d'une nature impé- rieuse et décidée : une âme de conquistador. Il emporta Verlaine comme un flocon de duvet dans l'ouragan de ses fugues et le ménage du poète, mal- gré la présence d'un fils, fut définitivement brisé. Verlaine et Rimbaud coururent les chemins, heu- reux, ivres de liberté et parfois de substances moins idéales. Rimbaud se lassa le premier des discussions avec Verlaine qui, dans les moments difficiles, regret- tait la douceur du foyer. Il annonça une rupture. Un pistolet se trouva malencontreusement sous la main de Verlaine. Il tira par deux fois, atteignit son ami, et la police s'en mêla.

En vain Rimbaud attesta qu'il était en partie res- ponsable du fait et n'en voulait pas le moins du monde au coupable. Le caractère équivoque de leur amitié les rendit plus suspects tous deux. Rimbaud fut conduit à la frontière et Verlaine constitué ès-prisons, d'abord aux Petits-Carmes de Bruxelles, puis à Mons.

L'isolement forcé de ce séjour tranquille ramena dans le cœur du poète le calme qu'il avait perdu depuis longtemps. La fréquentation d'un bon prêtre fit le reste. Verlaine retrouva la foi de son enfance, il la retrouva pleinement, s'y donna, comme il faisait

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