Page:Osmont - Le Mouvements symboliste, 1917.djvu/12

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-= -^ PRÉFACE ^-

ont gardé des romantiques l'abus de la couleur, du pittoresque, de Vétrangeté et la pente irrésistible à diviniser la sensation. Ils revendiquent Gérard de Nerval et Baudelaire . Gustave Kahn, l'un des théoriciens du symbolisme, s'en confesse nettement et avoue leur reprendre, en les conduisant à leurs dernières consé- quences, leur subjectivisme et .leur idéalisation du (( Moi )). D'ailleurs il s'en faut de peu que chaque écrivain symboliste n'ait sa formule spéciale et diffé- rente. L'art raffiné d'Henri Bataille s'exprime en demi- teintes ; celui du comte Robert de Montesquiou cherche le relief et la couleur. René Ghil se réclame de la science que Le Cardonnel traite d'intruse. Viélé-Griffîn exalte la vie et ses joies ou Albert Samain ne trouve qu'un goût de cendre et d'amertume. Francis Jammes traduit directement ses impressions. Maeterlinck les transpose .

Le trait d'union de ces poètes était moins l'unité de doctrine que le même souci d'indépendance et d'origina- lité. Ils s'entendaient pour affranchir la versification de trop d'entraves traditionnelles. Ceux même qui, comme Laurent Taïlhade, restaient fidèles à la métrique par- nassienne, la renouvelaient en lui donnant plus de sou- plesse ; y apportaient des effets de rythmes neufs et de vocables imprévus. Cette fièvre d'innovation indisposa les esprits routiniers, mais n'était pas inutile. Elle déblayait le chemin et préparait les voies pour l'avenir. Le reproche d'être obscur n'a pu être lancé contre les