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â^ LE SYMBOLISME ^

farouche, singulier, et ne sut pas adoucir pour lui ces disciplines bourgeoises qui cabrent irrésistiblement les intelligences artistes. Nous en retrouvons l'écho dans les Poètes de sept ans, qu'il faudrait citer en entier, n'étaient quelques écarts de langage véritablement trop réalistes, dus à la jeunesse du poète, à ce moment d'ingénue vigueur oii l'enfant se croit obligé de paraître cynique pour montrer sa force.

Et la Mère, fermant le livre du devoir, S'en allait, satisfaite et très fière, sans voir Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences L'âme de son enfant livrée aux répugnances. Tout le jour, il suait d'obéissance, très Intelligent; pourtant des tics noirs, quelques traits Semblaient prouver en lui d'acres hypocrisies. Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies, En passant, il tirait la langue, les deux poings A l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points. Une porte s'ouvrait sur le soir : à la lampe On le voyait là-haut, qui râlait sur la rampe

Sous un golfe de jour pendant du toit

A sept ans, il faisait des romans sur la vie Du grand désert où luit la Liberté ravie, Forêts, soleils, rives, savanes. Il s'aidait De journaux illustrés où, rouge, il regardait Des Espagnoles rire et des Italiennes

II craignait les blafards dimanches de Décembre

Où, pommadé, près d'un guéridon d'acajou,

Il lisait une Bible à la tranche vert-chou.

Des rêves l'oppressaient, chaque nuit, dans l'alcôve.

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