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LE SYMBOLISME

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Gomme tous ses contemporains, il était fortement imbu de Schopenhauer et, dans ses moments de défaillance, prêchait l'inutilité de l'action. Mais il sentait vite la veulerie mauvaise de ses pensées. Dans ses Moralités légendaires, il se raille lui-même et tous les symbolistes dans son Hamlet qui dramatise en monologues pour mourir d'une fin assez plate dans un cimetière de village, tandis que l'actrice qu'il enlevait, qui devait (( V enivrer de regards immortels », retourne à la ville se faire rosser par son amant habi- tuel, le jeune premier de la troupe. « Et tout rentra dans l'ordre. »

(( Un Hamlet de moins, la race n'en est pas perdue, qu'on se le dise I »

Sa Salomé nous montre aussi la princesse jonglant avec des mots sonores, devant des Princes des pays du Nord qui se demandent avec égarement : (( A quelle heure la couche-t-on? » et qui se jette très involon- tairement d'un promontoire dans la mer en lançant la tête de lokanahan qu'elle a fait enduire de phos- phore pour la voir telle qu'une étoile dans la mer. G'esiPersée et Andromède, version infiniment moderne du mythe antique, où le monstre finit par être le plus heureux des trois. Cela, c'est la littérature ; où il faut voir Laforgue, c'est dans la musique de sa pensée rythmée par son cœur. Il est venu à Paris comme un pauvre Gaspard Hauser ; et la vanité, la sottise ambiantes finissent par l'écœurer, le dégoûter, non

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