Page:Osmont - Le Mouvements symboliste, 1917.djvu/32

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-= ^ LE SYiMBOLISME '^ *-

effréné des jeunes. Ses jugements, toujours métaphy- siques ou techniques, étaient écoutés rehgieusement. Non quil s'imiDOsât à la volonté : sa timidité farouche en eût elle-même pris ombrage, mais l'intégrité de sa vie, le travail constant qui la remplissait, la certitude d'une conception poussée à ses dernières limites, fanatisaient les jeunes hommes, et c'était un bain de soleil pour cette sensibilité maladive et hésitante.

Eux partis, l'horizon de la pensée se refermait. Les soucis réapparaissaient, un moment chassés par le bon mirage; il revoyait toutes ses peines, les images tristes des heures vécues (( avec la pauvre bien-aimée errante, en habits de voyageuse, une longue robe grise couleur de la poussière des routes, un manteau qui collait humide à ses épaules froides, un de ces chapeaux de paille sans plume et presque sans rubans, que les riches dames jettent en arrivant, tant ils sont déchiquetés par l'air de la mer et que les pauvres bien-aimées regarnissent pour bien des saisons encore ». Se rappelait-il, écrivant cela, le fastueux pen- sionnat d'Auteuil et souffrait-il des « chapeaux sans plume )) sur les chevelures aimées, lui qui avait si délicatement chiffonné dans la Dernière Mode, en réponse aux questions des femmes ?

On ne sait. Il se renfermait de plus en plus. Le papier blanc sur sa table lui semble une présence hostile, un ennemi à terrasser. Son souci de la per- fection lui fait craindre ces pages vierges qu'un autre,

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