Page:Osmont - Le Mouvements symboliste, 1917.djvu/31

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Verli;;e ! voici que frissonne

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L'espace comme un grand baiser Qui, fou de naître pour personne, Ne peut jaillir ni s'apaiser.

Sens- lu le paradis farouche Ainsi qu'un rire enseveli Se couler du coin de ta bouche Au fond de l'unanime pli !

Le sceptre des rivages roses Stagnant sur les soirs d'or, ce l'est. Ce blanc vol fermé que tu poses Contre le feu d'un bracelet'.

Ces elTusions sont rares. Mallarmé apporte un dandysme, bien logique avec sa nature, à ne pas se raconter. Ce qu'il veut donner de sa vie, c'est le poème parfait dont le projet vaste a rempli ses heures. Ce poème, il le veut composer de vers pleins dont chacun représente un sens, non brutal, mais évocateur par des sonorités et des images : chaque mot, choisi comme une gemme précieuse, ne doit que concourir à l'efTet concerté. Le reste, c'est le gagne- pain, le fardeau des heures pénibles, si lourd à son âme délicate, qu'il avouait à Paul Adam n'avoir pas une fois passé le viaduc des Batignolles — il le tra- versait tous les jours — sans la tentalion du suicide.

Son délassement et sa joie, c'étaient les soirées du mardi. Là, son esprit se réchauffait à l'enthousiasme

1. Mallarmé, Poésies complètes. Bruxelles, Deman, 1899.