Page:Osmont - Le Mouvements symboliste, 1917.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

-^ ^ LE SYMBOLISME ^ --

sa possession possible, comme un avare d'un trésor :

« J'aime l'horreur d'être vierge et je veux

« Vivre parmi l'efïVoi que me font mes cheveux

« Pour, le soir, retirée en ma couche, reptile

(( Inviolé, sentir en la chair inutile

« Le froid scintillement de ta pâle clarté,

« Toi qui te meurs, toi qui brûles de chasteté,

« Nuit blanche de glaçons et de neige cruelle. »

Avant d'arriver aux pièces volontairement obscures, qu'on nous permette de souligner dès à présent la hantise de la glace, de la blancheur et du froid qui reparaît sans cesse dans la suite des poèmes et que Mallarmé a concrétisée dans son sonnet du Cygne, trop présent à toutes les mémoires pour que nous le placions ici. D'autre part, dans YAprès-Midi cran Faune, sans doute à l'imitation de Villiers de l'Isle- Adam pour qui ce fut un procédé quotidien, remar- quons le mélange de caractères typographiques, pour souligner ou renforcer, comme d'une voix nuancée, telle parole à son sens plus capable de suggestion.

Car, à mesure qu'il avance dans la plénitude de son talent et de la forme qu'il a créée, Mallarmé se refuse à dire ce qu'il pense. Le symbole, la fugace pensée jetée avec l'image lui suffît et doit nous suffire. Il veut donner à son lecteur le plaisir de le décou- vrir. D'une comparaison venue à son esprit, il sup- prime à son gré l'un des termes. D'une part, il savoure le sentiment qu'il éprouve à la causerie de