Page:Osmont - Le Mouvements symboliste, 1917.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

■^ stkimivm: \i MiAiiMi': <^-

\ illiors : u la jouissance goûtée par raclniis s'avivait de l'incompréliension de tous ! ' » Eu outre, riioneur du lieu couiniun, de l'éloquence profanée, le rendait timide sur le clioix des termes. C'est ainsi que Flau- bert méditait et commença un Dictionnaire des Idées rerues où il eut si sévèrement consigné les opinions sottes, les phrases toutes faites, que personne ou presque n'eut osé parler.

Restreint à lui-même par sa haine du récit, Mal- larmé fuit également la digression. Il veut donner sa sensation nue, dégagée de a littérature )). L'habitude de son rêve et l'amour des ellipses charmantes dans la causerie entre amis qui se comprennent le portent à se croire suivi par le lecteur : celui-ci, souvent, perd pied et s'égare. Les plus intelligents, les plus artistes des disciples de Mallarmé — Camille Mauclair, Albert. Mockel, Charles Morice — confessent qu il y a chez lui des pièces incompréhensibles. Si telles elles sont pour les élus qui eurent part à l'esprit du maître, combien le sont-elles davantage pour le malheureux lecteur livré à ses seules lumières ! Une baigneuse nue dans un ruisseau champêtre le fait-elle songer à un cygne, celui-ci lui rappelle Bruges où tant de blancs oiseaux longent les pierres grises. Il écrit :

Quelconque une solitude

Sans le cygne ni le quai.

I. Stéphane Mallakmé, \'i(liers de ï" Isle-A<Uim. Bruxelles, La- coinblez.