Page:Osmont - Le Mouvements symboliste, 1917.djvu/51

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1 iiiiairr à peino entrevue, dans le raisonnement inéta- |)liysi(|ue ou dans l'inspiralion lyrique, de 1 insaisis- sable vérilé.

Donner au mot tant d importance, lui conférer, et à lui seul hors de tout sens, un tel pouvoir évocatoire, n'est-ce pas lui doimer un rôle suprême? Mallarmé n'y manque point. Le mot même est trop grand. Ses habitudes philologiques lui font étudier toutes les consonnes selon leur puissance d'expression. Ce n'est pas la partie la moins curieuse des Mots anglais. On se demande — bien qu'aucun disciple, même Camille Mauclair si averti de toute chose, n'y fasse une allu- sion lointaine — si Mallarmé ne chercha point à transporter dans la poésie profane les idées de la Kabbale. Le sens qu'il donne à chaque lettre n'a rien de commun avec la valeur des lettres hébraïques, mais le rapprochement s'impose et, dans son livre de juvé- nile enthousiasme : Stéphane Mallarmé, Un héros, Albert Mockel nous laisse entendre que Mallarmé aurait pu, si la mort ne l'eût ravi jeune encore à l'admiration de ses disciples, donner la clef de ses poèmes et révéler de grands arcanes. Il se pourrait. En tout cas, il estimait que le poème définitif, absolu, ne pourrait avoir lieu tant que le monde ne posséde- rait point une langue universelle. Ce grand et timide orgueilleux n'eut pas assez d'orgueil pour croire à l'universalité de la sienne, et ce fut un motif encore à son noir découragement.