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OINA-MORUL

de l’océan j’observais au ciel l’astre de Concathlin[1]. Je dirigeais ma course vers l’île de Fuarfed, l’habitante boisée des mers ! Fingal m’avait envoyé au secours de Mal-orchol, roi de la sauvage Fuarfed, car la guerre l’environnait et nos aïeux s’étaient rencontrés dans les festins.

Dans Col-coiled je pliai mes voiles : j’envoyai mon épée à Mal-orchol des coupes. Il reconnut le signal d’Albion et sa joie s’éveilla. Il descendit de sa haute demeure et me serra la main avec tristesse. « Pourquoi la race des héros vient-elle au secours d’un roi qui tombe ? Ton-thormod aux lances nombreuses est le chef de l’île de Sar-dronlo ; il vit et aima ma fille, Oina-morul, aux seins blancs ; il la rechercha, je la lui ai refusée, car nos ancêtres étaient ennemis ; il est venu avec une armée à Fuarfeld et mon peuple a été repoussé. Pourquoi la race des héros vient-elle au secours d’un roi qui tombe ? »

Je ne viens point, lui dis-je, pour assister comme un enfant à cette lutte. Fingal se souvient de Mal-orchol et de son hospitalité pour les étrangers ; quand ce guerrier descendit des vagues sur cette île de forêts, tu ne fus point comme un nuage devant lui, tes fêtes et tes champs l’accueillirent. Pour ceci mon épée se lèvera et tes ennemis succomberont peut-être ; nos amis ne sont point oubliés dans leur danger quoique distante soit notre patrie. »

Descendant de l’audacieux Trenmor, tes paroles sont comme la voix de Cruth-Ioda, le puissant habitant du ciel, quand il parle du haut de son nuage entr’ouvert. Bien des guerriers se sont réjouis à mes fêtes, mais ils ont oublié Mal-orchol ! J’ai tourné mes yeux vers tous les vents du ciel et n’ai point vu de blanches voiles ; car le fer résonne dans mes sal-

  1. Concathlin « doux rayon des flots ». Il est difficile de dire à quelle étoile on donnait jadis ce nom.