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CROMA

dorait les franges : elles brillaient comme l’or de l’étranger.

C’était la voix de mon amour ! Rarement il visite mes songes !

Mais tu vis dans l’âme de Malvina, fils du puissant Ossian ! Mes soupirs se lèvent avec le rayon de l’orient ; mes larmes descendent avec les gouttes de la nuit. En ta présence, Oscar, j’étais un arbre charmant, entouré de toutes mes branches ; mais ta mort est venue, comme le vent du désert, et sur le sol a couché ma verte tête. Le printemps est revenu avec ses molles ondées, mais pas une feuille n’a verdi sur ma tige ! Les vierges, dans le palais, m’ont vue silencieuse ; elles ont touché la harpe de la joie. Les pleurs étaient sur les joues de Malvina, et les vierges me regardaient dans ma tristesse. Pourquoi es-tu triste, disaient-elles, ô la première des jeunes filles de Ludia ? Ton amour était-il majestueux ? Était-il beau comme le rayon du matin ? Agréable à l’oreille d’Ossian est ta voix, fille des torrents de Lutha ! tu as entendu la musique des bardes qui ne sont plus dans les rêves de ton repos, lorsque le sommeil descendait sur tes yeux au murmure du Moruth. Quand tu revenais de la chasse, sous la lumière du soleil, tu as entendu la musique des bardes et ton chant est mélodieux ! il est mélodieux, ô Malvina, mais il attriste l’âme. Il est une joie dans la tristesse, lorsque la paix habite le sein de l’affligé ; mais le chagrin, ô fille de Toscar, consume celui qui pleure et ses jours ne sont pas nombreux ! Il tombe, comme la fleur que le soleil a regardée dans sa force, lorsqu’une rosée malfaisante a passé sur ses feuilles et que sa tête est lourde encore des gouttes de la nuit. Ô jeune fille, prête l’oreille au récit d’Ossian ! Il se rappelle les jours de sa jeunesse !

Le roi ordonna : je levai les voiles et j’entrai dans la baie retentissante de Croma ; Croma dans la