voix ! Car douce sera ma voix pour mes amis ; ces amis qui furent si chers à Colma !
Tel fut ton chant, Minona, ò douce et rougissante
fille de Torman ! Nos larmes coulaient pour Colma
et nos âmes étaient tristes. Ullin vint avec sa harpe ;
il nous donna les chants d’Alpin. La voix d’Alpin
était douce, l’âme de Ryno était un rayon de feu.
Mais ils reposaient alors dans l’étroite demeure, et
leur voix dans Selma n’était plus entendue. Ullin un
jour revenant de la chasse, avant que les deux héros
fussent tomhés, entendit sur la colline leur lutte
harmonieuse : leurs chants étaient doux mais tristes.
Ils déploraient la chute de Morar le premier des
mortels. Son âme était semblable à l’âme de Fingal,
son épée semblahle à l’épée d’Oscar. Mais il tomba,
son père gémit et les yeux de sa sœur se remplirent
de larmes. Les yeux de Minona se remplirent de
larmes, Minona, la sœur de Morar au char superbe.
Devant les chants d’Ullin, Minona se retira, comme
la lune à l’Occident, quand elle prévoit la pluie et
qu’elle cache sa tête charmante dans un nuage. Je
touchai la harpe avec Ullin, et nous fîmes entendre
le chant de la douleur.
Le vent et la pluie ont cessé, calme est le midi du jour. Les nuages se dispersent dans le ciel. Le soleil inconstant fuit sur la verte colline. Rouge, à travers les pierres de la vallée, coule le torrent de la montagne. Doux est ton murmure, ô torrent, mais plus douce est la voix que j’entends. C’est la voix d’Alpin, le fils de l’harmonie ; il gémit sur les morts ! Sa tête est inclinée par l’âge, ses yeux sont rougis par les larmes. Alpin, fils de l’harmonie, seul sur la colline silencieuse, pourquoi gémis-tu, comme le vent dans les bois, comme la vague sur le rivage solitaire ?