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iv
DE L’AUTHENTICITÉ

Interpellé par le docteur Johnson avec une violence qu’on ne saurait approuver, trailé d’imposteur, de faussaire, de brigand (ruffian), il se renferme dans un silence superbe qui pourrait fort bien tenir de la ruse autant que de l’orgueil ; orgueil absurde et déplacé surtout devant un fait qui intéressait à un si haut point et les lettres et la gloire poétique de l’Écosse. Ou s’il se défend, c’est en termes ambigus et hautains, sans s’appuyer de preuves textuelles, sans donner au moins un rapport explicite concernant les circonstances et les personnes qui lui ont fourni les originaux de sa traduction. Aux défis formels de la critique, il ne répond, il faut bien le dire, que par quelques paroles insignifiantes et torturées, véritables paroles d’oracle, les voici : « Ceux qui ont douté de ma véracité ont fait un compliment à mon génie et, quand cette allégation serait vraie, mon abnégation aurait dû expier ma faute. Je puis le dire sans vanité, je crois pouvoir écrire de la poésie passable et je certifie à mes antagonistes que je ne traduirais pas ce que je ne pourrais imiter. »[1]

  1. The conduet of Macpherson tended to render the subject of authenticity doubtful and mysterious. At first he seemed to have had no other object in view but to be considered as