Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/200

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Ferda, chef de cent collines, était venu d’Albion. Dans le palais de Muri, il apprit l’épée et gagna l’amitié de Cuthullin. Nous chassions ensemble ; dans le même lit nous reposions sur la bruyère.

Deugala était l’épouse de Cairbar, chef des plaines d’Ullin. Elle était environnée de la lumière de la beauté ; mais son cœur était la demeure de l’orgueil. Elle aima ce rayon de jeunesse, le fils du noble Damman. « Cairbar, dit Deugala aux bras blancs, donne-moi la moitié du troupeau, je ne veux plus rester dans tes salles. Partage le troupeau, sombre Cairbar ! » « Que Cuthullin, dit Cairbar, partage mon troupeau sur la colline ; son cœur est le siège de la justice. Pars, lumière de beauté ! » J’allai, je partageai le troupeau. Un taureau, blanc comme la neige, restait ; je le donnai à Cairbar. La rage de Deugala s’alluma ! » Fils de Damman, dit cette beauté, Cuthullin a affligé mon âme. Il faut que j’apprenne sa mort, ou le torrent de Lubar roulera sur moi. Mon pâle fantôme errera près de toi et pleurera la blessure faite à mon orgueil. Verse le sang de Cuthullin ou perce ce sein gonflé de soupirs ! » « Deugala, dit le jeune homme aux cheveux blonds, comment pourrais-je donner la mort au fils de Sémo ? Il est l’ami de mes secrètes pensées et je lèverais l’épée contre lui ! » Trois jours elle pleura devant le chef ; le quatrième il promit de combattre. « Je combattrai mon ami, Deugala, mais puissé-je tomber sous son épée ! Pourrais-je errer seul sur la colline et soutenir la vue du tombeau de Cuthullin ? »

Nous combattîmes sur la plaine de Muri. Nos épées évitent de blesser ; elles glissent sur les casques d’acier ou résonnent sur les boucliers polis. Deugala était présente ; avec un sourire elle dit au fils de Damman : « Ton bras est faible, rayon de jeunesse ! Les années ne t’ont pas donné la force de