Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manier le fer ! cède au fils de Semo, C’est un rocher sur Malmor. »

Les larmes sont dans les yeux du jeune homme. Tout ému, il me dit : « Cuthullin, lève ton bouclier, défends-toi contre la main de ton ami. Mon âme est lourde de douleur, car il me faut donner la mort au chef des hommes. » Je soupirai comme la brise dans la fente d’un rocher. Je levai le tranchant de mon glaive. Le rayon des batailles tomba, le premier des amis de Cuthullin ! Malheureuse est la main de Cuthullin depuis que ce héros est tombé ! »

« Triste est ton récit, fils du char, répondit Carril des temps passés. Il fait remonter mon âme vers les siècles qui ne sont plus, vers les jours des autres années. J’ai souvent entendu parler de Comal qui tua l’ami qu’il aimait ; cependant la victoire accompagnait son glaive et sa présence consumait la bataille.

Comal était fils d’Albion et chef de cent collines. Ses cerfs buvaient à mille torrents ; mille rochers répondaient à la voix de ses chiens. Son visage était la douceur de la jeunesse, son bras la mort des héros. Une seule avait son amour, et elle était belle la fille du puissant Conloch. Elle paraissait au milieu des femmes comme un rayon matinal. Sa chevelure était l’aile du corbeau. Ses chiens étaient dressés à la chasse ; la corde de son arc résonnait au vent. Son âme se fixa sur Comal. Leurs regards d’amour se rencontraient souvent ; ils suivaient la même course à la chasse. Heureuses étaient leurs paroles secrètes ! Mais Grumal, sombre chef de la nuageuse Ardven, aimait aussi la jeune fille. Cet ennemi du malheureux Comal épiait sur la bruyère les pas de son amante !

Un jour, fatigués de la chasse, et le brouillard ayant caché leurs amis, Comal et la fille de Conloch se rencontrèrent dans la caverne de Ronan. C’était