Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/210

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Le blond Ryno brille et vole comme l’éclair ; le noir Fillan passe comme l’ombie de l’automne. Sur la plaine de Lena leur voix se fait entendre. Les fils de l’Océan reconnurent le cor de Fingal. Comme le tourbillon rugissant de l’Océan, qui revient du royaume des neiges ; aussi forts, aussi sombres, aussi rapides descendent les enfants de Lochlin. À leur tête paraît leur roi dans le sinistre orgueil de ses armes. La rage brûle sur son visage bruni, et ses yeux roulent dans le feu de sa valeur. Fingal aperçut le fils de Starno et se souvint d’Agandecca ; car Swaran avait pleuré les pleurs de sa jeunesse sur sa sœur à la blanche poitrine. Fingal lui envova Ullin aux doux chants pour l’inviter au festin des coupes ; car douce à l’âme de Fingal, revenait la souvenance de son premier amour !

Ullin s’avance dans les pas de la vieillesse et dit au fils de Starno : « Ô toi qui, semblable à un rocher, habites loin de nous, environné de les vagues, viens au festin du roi et passe ce jour dans le repos. Combattons demain, ô Swaran, demain brisons les boucliers retentissants. » — « Aujourd’hui, répond le fils emporté de Starno, nous briserons les boucliers retentissants : demain mon festin sera étalé, mais Fingal sera couché sur la terre. » — « Que son festin soit donc étalé demain, dit Fingal avec un sourire ; aujourd’hui, mes enfants, nous allons briser les boucliers retentissants. Ossian, tiens-toi près de mon bras : Gaul, lève ton épée terrible : Fergus, bande ton arc recourbé, et toi, Fillan, fais voler ta lance à travers le ciel. Levez vos boucliers semblables à la lune obscurcie ; que vos lances soient des météores de mort. Suivez-moi dans le sentier de ma gloire et égalez mes actions dans le combat. »

Comme la foule des vents sur Morven ; comme les torrents de cent montagnes ; comme les nuages qui volent l’un après l’autre sur le ciel ; comme les noirs