Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/229

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« Enfants de Morven, dit Fingal, gardez le roi de Lochlin. Il est aussi fort que ses mille vagues et sa main est instruite à combattre. Il est de la race des anciens temps. Gaul, premier de mes héros, Ossian, roi des chants, rappelez-vous qu’il est le frère d’Agandecca : faites que la joie surmonte sa douleur, Mais vous. Oscar, Fillan et Ryno, enfants de ma race, poursuivez sur Lena les guerriers de Lochlin, pour qu’à l’avenir nul vaisseau ne hondisse sur les vagues houleuses d’Inistore. »

Aussitôt ils volent et traversent la bruyère. Fingal s’avance lentement, pareil au nuage de la foudre, quand les plaines brûlantes de l’été sont silencieuses et sombres. Son épée est devant lui comme un rayon de soleil ; terrible comme le météore de la nuit. Il marche vers un chef de Lochlin et s’adresse à l’enfant des vagues : « Quel est celui qui, si triste et si sombre, s’appuie contre le rocher du torrent ? Il n’en peut franchir les ondes rougissantes ; mais qu’il est majestueux ! Son bouclier est sur son flanc et sa lance est semblable à l’arbre du désert. Jeune homme à la brune chevelure, es-tu des ennemis de Fingal ?

« Je suis un enfant de Lochlin, s’écria le guerrier, et mon bras est fort dans la guerre. Mon épouse pleure dans ma demeure, mais Orla ne reviendra jamais ! » — « Héros, rends-toi ou combats, reprend Fingal roi des nobles actions : les ennemis ne triomphent point en ma présence et mes amis sont célébrés dans mon palais. Fils des vagues, suis moi, viens partager la coupe de mes festins ; viens pour suivre les cerfs de mes déserts et sois l’ami de Fingal ! » — « Non ! répond le héros, je secours le faible ; ma force est à celui que les armes trahissent. Mon épée ; ô guerrier, a toujours été sans rivale : que le roi de Morven me cède ! » — « Je n’ai jamais cédé, Orla ! Fingal n’a jamais cédé à un mortel ! Tire