Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/250

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« Mon fils, dit-il au blond Gaul, j’entends le son de la guerre. Le roi de Morven est de retour ; ses signaux sont répandus sur le vent. Va, dans les salles de Strumon, chercher les armes de Morni ; apporte-moi le bouclier des dernières années de mon père, car mon bras commence à s’affaiblir. Pour toi, prends ton armure, ô Gaul ! et vole à ta première bataille. Que ton bras atteigne à la gloire de tes pères, et que ta course, dans le champ des combats, soit rapide comme les ailes de l’aigle ! Pourquoi craindrais-tu la mort, ô mon fils ! Les braves tombent avec gloire ; leurs boucliers détournent le noir torrent des dangers, et la renommée repose sur leurs cheveux blanchis. Ne vois-tu pas, ô Gaul ! combien sont honorés les pas de ma vieillesse ? Morni s’avance, et les jeunes hommes le rencontrent, sur sa route, avec une joie silencieuse. Aussi, mon fils, je n’ai jamais fui le danger : mon épée a brillé dans les ténèbres de la guerre ; l’étranger s’évanouissait devant moi, et ma présence consumait le superbe. »

Gaul apporta les armes de Morni : le vieux guerrier est couvert d’acier. Il prend dans sa main la lance encore tachée du sang des braves, et s’avance vers Fingal : son fils accompagne ses pas. Le fils de Comhal se leva avec joie en le voyant s’approcher sous ses boucles de vieillesse.

« Chef de la rugissante Strumon, dit l’âme émue de Fingal, est-ce toi que je vois en armes, toi que la force a abandonné ? Morni a souvent brillé dans les combats comme le rayon du soleil levant, quand il disperse les orages de la colline et qu’il apporte la paix aux plaines étincelantes ; mais pourquoi, dans ta vieillesse, ne te reposes-tu pas ? Ta renommée est dans les chants ; le peuple te contemple et bénit le départ du puissant Morni : pourquoi, dans ta vieillesse, ne te reposes-tu pas ? L’ennemi sévanouira devant Fingal ! »