Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/263

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contre le sombre Cairbar. Oh ! si je pouvais m’affranchir de son amour, que je me réjouirais en présence de Nathos ! Heureux sont les rochers d’Etha ! Ils verront ses pas à la chasse, ils verront sa blanche poitrine quand les vents soulèveront sa flottante chevelure ! » — Telles furent tes paroles, Dar-thula, dans les tours de Selama. Mais la nuit maintenant t’environne et les vents ont trompé tes voiles. Ils ont trompé tes voiles, Dar-thula, et leur souffle est impétueux. Cesse un moment, ô vent du nord, laisse moi entendre la voix de la beauté. Ta voix est douce, Dar-thula, au milieu du sifflement des vents !

« Sont-ce là les rochers de Nathos, dit-elle, est-ce là le rugissement de ses torrents de montagne ? Ce rayon de lumière vient-il du nocturne palais d’Usnoth ? La clarté en est faible et distante, et le brouillard s’étend autour de nous. Mais c’est dans le chef d’Etha qu’habite la lumière de l’âme de Dar-thula ! Fils du généreux Usnoth, pourquoi ce soupir étouffé ? Chef d’Etha, sommes-nous sur la terre des étrangers ? »

« Ces rochers ne sont point ceux de Nathos, répondit-il, et ce rugissement n’est point celui de ses torrents. Nulle lumière ne vient du palais d’Etha, car il est trop loin de nous. Nous sommes sur la terre des étrangers, sur la terre du cruel Cairbar. Les vents nous ont trompés, Dar-thula ; Érin lève ici ses collines. Althos, marche vers le nord ; que tes pas, Ardan, longent la côte, de peur que l’ennemi ne vienne dans les ténèbres et ne détruise notre espoir de voir un jour Etha. Moi, j’irai vers cette tour couverte de mousse, pour voir ceux qui se trouvent auprès de cette lumière. Repose-toi, Dar-thula, repose-toi sur le rivage ! repose en paix, charmante lumière ! l’épée de Nathos est autour de toi, semblable à l’éclair du ciel ! »

Il partit. Seule, elle s’assied : elle écoute le roule-