Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/264

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ment des vagues. De grosses larmes sont dans ses yeux. Elle regarde si Nathos revient. Son âme tremble au souffle du vent. Elle incline l’oreille vers le bruit de ses pas ; mais le bruit de ses pas ne se fait point entendre. « Où es-tu, fils de mon amour ? Le vent rugit autour de moi. La nuit est sombre et nuageuse, et Nathos ne revient pas ! Qui te retient, chef d’Etha ? Les ennemis ont-ils rencontré mon héros dans un combat nocturne ? »

Il revint, mais sa figure était sombre ; il avait vu son ami décédé ! C’était la muraille de Tura et l’ombre de Cuthullin s’y promenait, seule et à grands pas. Les soupirs de son sein étaient fréquents. La flamme ternie de ses yeux était encore terrible ! Sa lance était une colonne de brouillard, et les étoiles brillaient, ternes, à travers sa forme. Sa voix était semblable au vent dans une caverne profonde, et son œil à une lumière vue de loin. Il disait l’histoire de ses malheurs.

L’âme de Nathos était triste, comme le soleil dans un jour de brouillard, quand sa face est humide et voilée. — « Pourquoi es-tu triste, ô Nathos, dit la charmante fille de Colla. Pour Dar-thula tu es une colonne de lumière, et la joie de ses yeux est dans le chef d’Etha. Je n’ai d’ami que Nathos ! mon père, mon frère sont tombés ! Le silence demeure dans Selama ; et la tristesse s’étend sur les bleus torrents de mon pays. Mes amis sont tombés avec Cormac ; les braves ont péri dans les guerres d’Érin. Écoute, fils d’Usnoth, écoute le récit de mes douleurs ! »

« Le soir obscurcissait la plaine ; les bleus torrents disparaissaient devant mes yeux ; le vent, à de rares intervalles, venait gémir dans les cimes des bois de Selama. Sous un arbre, j’étais assise sur les murs de mes pères. Truthil, le frère de mon amour, passa devant mon âme ; Truthil qui, absent alors, était allé combattre l’orgueilleux Cairbar. Appuyé