Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/266

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tour du bouclier retentissant de Colla ; mais ils étaient en petit nombre sur la plaine, et leurs cheveux étaient blancs ; les jeunes guerriers étaient tombés avec Truthil, en combattant pour Cormac. — « Amis de ma jeunesse, leur dit Colla, ce n’est point ainsi que vous m’avez vu jadis sous les armes ; ce n’est point ainsi que je marchais au combat quand périt le grand Confaden. Mais vous êtes chargés de douleur ; les ombres de la vieillesse descendent comme le brouillard du désert. Mon bouclier est usé par les années, et mon épée est suspendue à la muraille[1]. J’ai dit à mon âme : « Ton soir sera calme, ton départ sera semblable à une lumière qui s’éteint ! » Mais la tempête est revenue : je m’incline conune un vieux chêne ; mes rameaux sont tombés sur Selama. Je tremble à chaque pas. Où es-tu, avec tes guerriers tombés, ô mon bien-aimé Truthil ? tu ne me réponds pas du sein de ton tourbillon. L’âme de ton père est triste ; mais bientôt je ne le serai plus ! Il faut que Cairbar ou Colla tombe ! Je sens revenir la force de mon bras, et mon cœur bondit au bruit de la guerre.

Le héros tire son épée et les guerriers lèvent aussitôt leurs glaives étincelants. Ils s’avancent le long de la plaine et leurs cheveux blancs flottent sur les vents. Cairbar était assis à une fête dans la plaine silencieuse de Lona. Il voit venir nos héros ; il appelle ses chefs au combat. — Mais pourquoi dirais-je à Nathos comment s’engagea la lutte ? Je l’ai vu, au milieu de milliers d’ennemis, semblable au feu du ciel : il est beau mais terrible, et les peuples tombent

  1. Dans ces temps anciens, les guerriers avaient coutume, lorsqu’ils avaient atteint un certain âge et qu’ils se sentaient incapables de combattre, d’attacher leurs armes dans la grande salle où se réunissait toute la tribu aux jours de réjouissance. Ils ne paraissaient plus dans les combats, et cette période de la vie s’appelait le temps d’attacher les armes.