Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/302

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Le roux Olla entonne le chant de bataille ; le cœur d’Oscar en tressaille de joie, de cette joie familière à son cœur quand se faisait entendre le cor de Fingal. Sombre comme la vague enflée de l’Océan avant le réveil des vents, alors qu’elle penche sa tête vers la côte, telle s’avance l’armée de Cairbar !

« Fille de Toscar, pourquoi cette larme ? Il n’est point encore tombé ! Nombreuses sont les victimes de son bras, avant que mon héros soit lui-même abattu ! — Vois-les tomber devant mon fils comme les arbres du désert, lorsqu’un fantôme furieux s’élance à travers la nuit, et dans sa main emporte leurs vertes têtes. Morlath tombe ! Ma-ronnan expire, Connachar se débat dans son sang. Cairbar recule devant le glaive d’Oscar : il se glisse en rampant derrière une roche, lève sa lance et, sans être vu, perce le flanc de mon Oscar ! Il tombe en avant sur son bouclier, mais il se soutient sur un genou, et sa lance est toujours dans sa main. Vois le traître Cairbar ! il tombe ! le fer a percé son front et va sortir derrière entre ses cheveux sanglants ! Il le pose étendu, comme un roc éclaté que le Cromla détache de ses flancs hérissés, lorsque la verte Érin secoue ses montagnes d’une mer à l’autre mer. »

Mais jamais plus Oscar ne se relèvera ! Il s’appuie sur son bouclier et sa lance est dans sa main terrible. Les enfants d’Érin restent à quelque distance, immobiles et sombres ; leurs cris s’élèvent comme les bruits confus des torrents, et les échos de Lena leur répondent au loin. Fingal entendit ces cris ; il saisit la lance de Selma. Ses pas nous devancent sur la bruyère ; il nous adresse ces paroles de douleur : « J’entends le bruit de la guerre ; le jeune Oscar est seul. Levez-vous, enfants de Morven, et rejoignez le glaive de ce héros ! »

Ossian s’élance sur la bruyère ; Filian bondit sur Moi-lena. Fingal, dans sa force, s’avance à grands