Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/322

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pierre s’élèvera avec toute sa mousse et dira aux années à venir : « Ici se rencontrèrent Ossian et Cathmor ; les guerriers s’y rencontrèrent en paix ! » Ô pierre ! quand tu auras disparu, quand les eaux du Lubar auront cessé de couler, le voyageur viendra peut-être se reposer ici ; quand la lune obscurcie roulera sur sa tête, nos formes nébuleuses viendront peut-être, et se mêlant à ses rêves, lui rappelleront quelle fut cette place. Mais pourquoi, si sombre, te détournes-tu, fils de Borbar-Duthul ? »

« Célèbres par les chants, fils de Fingal, nous monterons sur ces vents. Nos actions, aux yeux des bardes, sont des torrents de lumière. Mais les ténèbres roulent sur Atha. Cairbar est dans la tombe, privé de son chant funèbre. Son âme orageuse est toujours un rayon pour Cathmor ; semblable à la lune quand elle parcourt dans un sombre nuage le rouge sentier de la foudre. »

« Fils d’Érin, répondis-je, mon courroux n’habite point dans sa tombe ; de l’ennemi terrassé ma haine s’envole sur les ailes de l’aigle. Il entendra les chants des bardes et Cairbar se réjouira sur ses vents. »

Un soupir s’échappa du sein oppressé de Cathmor. Il ôte de son côté son poignard et le place, étincelant, dans ma main. Il le place dans ma main, soupire et s’éloigne en silence. Je le suivis des yeux ; il brillait faiblement dans la nuit, semblable au fantôme que le voyageur rencontre sur la bruyère ténébreuse : ses paroles sont obscures comme les chants d’autrefois ; et avec l’aube disparaît la forme indéfinie.

Quel est celui qui vient du vallon de Lubar et sort des plis humides du brouillard du matin ? La rosée du ciel est sur sa tête et ses pas sont dans les sentiers de la douleur. C’est Carril des temps anciens. Il vient de la caverne silencieuse de Tura que