Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/327

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chers et leurs arbres. Que mes pas soient toujours loin du Crona ! la mort s’y précipite ! Enfants de la nuageuse Morven, descendez ainsi de la colline de Mora ! »

« Quel est celui qui, sur les rives de Clutha, se lève de son char ? les collines tremblent devant lui, les sombres forêts retentissent alentour et s’éclairent de son acier. Voyez-le au milieu des ennemis, semblable au fantôme de Colgach, quand, en se jouant, il disperse les nuages et chevauche sur le tourbillon des vents. C’est Morni, le chef aux coursiers bondissants. Ô Gaul, sois semblable à ton père ! »

Les portes de Selma sont ouvertes. Les bardes prennent leurs harpes tremblantes. Dix jeunes guerriers apportent le chêne de la fête. Un rayon de soleil dore au loin le flanc de la colline. Les sombres ondulations de la brise passent sur la verdure de la plaine. Pourquoi es-tu silencieuse, Selma ! ton roi revient avec toute sa gloire. La guerre n’a-t-elle pas rugi ? Cependant son front est paisible ! Oui, la guerre a rugi et Fingal a triomphé ! Ô Fillan, sois semblable à ton père ! »

Les guerriers s’avancent à la voix des bardes ; leurs armes se balancent dans l’air, comme les roseaux de la plaine sous les vents de l’automne. Le roi dans ses armes se tenait sur le Mora. Le brouillard volait autour de son large bouclier, suspendu à une branche élevée sur le vert rocher de Cormul. Près de Fingal je me tenais silencieux et tournais mes yeux vers les bois du Cromla, de peur qu’à la vue de l’armée mon âme brûlante n’y précipitât mes pas. Un pied en avant sur la bruyère, je brillais, majestueux sous mes armes, comme la chute du torrent de Tromo, que les vents de la nuit enchaînent et couvrent de glaces : le jeune enfant le voit briller sur la montagne au rayon du matin ; il prête l’oreille et s’étonne de son silence.