Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/328

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Cathmor, de son côté, ne restait point penché sur son torrent, comme un enfant dans une plaine tranquille. Vague orageuse et sombre, il déployait au loin les ailes de son armée ; mais quand il aperçut Fingal sur le sommet du Mora, il sentit s’éveiller son généreux orgueil : « Le chef d’Atha combattra-t-il quand le roi n’est pas dans la plaine ? Foldath, conduis mon armée ; tu es un astre de lumière ! »

Foldath de Moma s’avance comme un nuage, la demeure des fantômes. Il tire son épée ; c’est une flamme qui jaillit de son côté. Il donne le signal du combat et les tribus, semblables aux vagues écumantes, versent sombrement leurs forces sur la plaine. Il marche fièrement devant elles ; son œil roule étincelant de rage ; il appelle Cormul, le chef de Dunratho, et lui dit ces paroles :

« Cormul, tu vois ce vert sentier qui serpente derrière les ennemis ; places-y tes guerriers, de crainte que Selma n’échappe à mon épée. Bardes d’Érin aux verdoyantes vallées, que nul de vous n’élève la voix : il faut que les fils de Morven tombent sans être célébrés ; ce sont les ennemis de Cairbar. À l’avenir, le voyageur rencontrera près du lac des roseaux l’épais et sombre brouillard de leurs ombres, errant sur la plaine de Lena : privées du chant funèbre, jamais elles ne monteront à la demeure des vents. »

Cormul s’éloigne d’un air de plus en plus sombre. Sa tribu se précipite sur ses pas. Ils disparaissent derrière un rocher. Gaul, dont l’œil a suivi la marche du chef de Dun-ratho, s’adresse à Fillan de Selma : « Tu vois les pas de Cormul : que ton bras s’arme de force ! quand il sera terrassé, souviens-toi, fils de Fingal, que Gaul combat ici : c’est ici que je vais fondre sur l’ennemi, au milieu de ces rangs de boucliers. »

Le signal de la mort s’élève : c’est le son terrible