Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/329

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du bouclier de Morni. Gaul mêle sa voix à ce bruit. Fingal se lève sur le sommet du Mora : il voit les guerriers, d’une aile à l’autre, se penchant tous ensemble au combat. Debout sur sa colline obscure, brille Cathmo de la murmurante Atha. Les deux rois ressemblaient à deux esprits du ciel, lorsque debout chacun sur son ténébreux nuage, ils versent les vents et soulèvent les mers mugissantes : les vagues bleues roulent devant eux sillonnées par les baleines, mais pour eux, ils sont calmes et rayonnants et la brise soulève légèrement leur chevelure de vapeur.

Quel rayon de lumière brille dans les airs ? C’est la terrible épée de Morni. Tu sèmes la mort sur tes pas, ô Gaul, et dans ton courroux, tu entasses les ennemis l’un sur l’autre. Tur-lathon tombe comme un jeune chêne au milieu de ses branches. Son épouse féconde, endormie dans le désordre de ses cheveux, au murmure du Moruth, étend en rêve ses bras blancs vers le chef qui revient ; mais ce n’est que son ombre, Oichoma ! le chef est terrassé ! Ne prête plus l’oreille aux vents pour entendre le bruit du bouclier retentissant de Tur-lathon ; il s’est brisé aux bords de ses torrents et le son s’en est évanoui pour toujours !

La main de Foldath ne reste point oisive : il fraie sa route à travers le sang. Connal le rencontre et ils croisent leurs armes retentissantes. Pourquoi mes yeux les contempleraient-ils ? L’âge, ô Connal, a blanchi tes cheveux ! Sur les rochers couverts de mousse de Dun-lora, tu fus toujours l’ami des étrangers. Quand les cieux étaient bouleversés, c’est alors qu’étaient étalés tes festins : l’étranger, dehors, entendait les vents et se réjouissait devant ton chêne enflammé. Pourquoi, fils de Duth-caron, es-tu couché dans ton sang ? Sur toi se penche un arbre desséché ; ton bouclier repose brisé à tes côtés et ton