Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/340

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voix quand il touchait la harpe dans son palais, aux bords de ses torrents.

« Roi d’Érin, dit Hidalla, voici le temps des fêtes ; ordonne que la voix des bardes s’élève et dissipe la nuit. L’âme, après les chants, retourne plus terrible au combat. Les ténèbres se posent sur Érin : de colline en colline pendent les voiles des nuages, et l’on voit dans l’éloignement, terribles sur la bruyère, errer les pâles fantômes ; les fantômes de ceux qui sont tombés dans le combat, et qui se penchent vers nous pour demander leur chant. Ordonne, ô Cathmor, que les harpes retentissent pour réjouir les morts sur leurs nuages errants ! »

« Que les morts soient tous oubliés, s’écria le brûlant courroux de Foldath ! N’ai-je pas été vaincu dans la bataille ? Et j’écouterais les chants ! Ma course cependant a été meurtrière dans le combat. Le sang, comme un torrent, environnait mes pas ; mais les faibles étaient à ma suite et l’ennemi s’est soustrait à mon glaive ! Hidalla, va toucher la harpe dans la vallée de Clonra ; que l’écho de Dura réponde à ta voix, que quelque jeune fille contemple, de la forêt, ta blonde et longue chevelure ! Mais fuis de la plaine retentissante du Lubar : c’est le champ des héros ! »

« Roi d’Érin, dit Malthos, c’est à toi de nous conduire au combat. À nos yeux, tu es une flamme, sur les champs ténébreux de la guerre. Comme une tempête tu as passé sur les armées et tu les as couchées dans le sang ; mais qui, au retour des combats, t’a jamais entendu parler de tes exploits ? Les farouches se plaisent dans la mort ; leur mémoire se repose sur les blessures de leurs lances. L’image de la guerre se mêle à toutes leurs pensées, et ils se vantent sans cesse. Ta course, chef de Moma, ressemblait à celle d’un torrent débordé. Les morts étaient amoncelés sous tes pas ; mais d’autres ont