Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/367

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dacieuse ? » Incertaine, elle s’arrête les yeux baissés. Le ciel brûle de toutes ses étoiles[1].

Le bouclier retentit de nouveau. Elle s’élance ; elle s’arrête. Sa voix s’élève à moitié mais expire sur ses lèvres. Elle le voit au milieu de ses armes qui brillent au feu du ciel ; elle le voit caché sous ses cheveux qui flottent sur le vent de la nuit. De crainte elle retourne sur ses pas : « Pourquoi réveillerais-tu le roi d’Érin ? Tu n’es point le rêve de son sommeil, fille d’Inis-huna ! »

Plus terrible encore retentit le bouclier. Sul-malla tressaille. Son casque tombe ; il roule sur le rocher, et du bruit de l’acier résonnent au loin les échos du Lubar. S’arrachant aux songes de la nuit, Cathmor se lève à moitié sous son arbre. Au-dessus de lui, sur le rocher, il voit la forme de la jeune fille. Une étoile rouge aux tremblantes lueurs brillait à travers sa flottante chevelure.

« À travers la nuit qui s’avance vers Cathmor, à l’heure de ses rêves ? M’apportes-tu des nouvelles de guerre ? Qui es-tu, fils de la nuit ? Es-tu quelque ombre des temps passés, une voix descendue du sein d’un nuage pour m’avertir du danger d’Érin ? »

— « Je ne suis point un messager solitaire, ni une voix descendue du sein d’un nuage, dit-elle, mais je viens t’avertir du danger d’Érin. Entends-tu ce bruit ? Ce n’est pas le faible, ô roi d’Atha, qui répand ses signaux sur la nuit. »

« Que le guerrier répande ses signaux, répondit Cathmor, ce sont pour moi les doux sons de la harpe. Ma joie est grande, ô voix de la nuit, elle embrase toutes mes pensées. Voici qu’elle est pendant la nuit la musique des rois sur leurs collines solitaires, quand ces fils des glorieuses actions enflamment leurs âmes intrépides ! Les faibles seuls

  1. Haven burns with all its stars.