Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/368

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

demeurent dans la vallée des brises, où le brouillard enlève son voile matinal des ondes bleues et sinueuses des torrents. »

« Roi des hommes, ils n’étaient pas faibles les pères de ma race. Ils habitaient le sein de la bataille, dans leurs contrées lointaines. Mon âme cependant ne se plaît point dans les signaux de la mort ! Il s’avance, celui qui ne céda jamais ! oh ! envoie vers lui le barde de la paix ! »

Cathmor, dans ses larmes, était semblable au rocher du désert d’où l’eau tombe goutte à goutte. La voix de Sul-malla passait comme une brise sur son âme et réveillait le souvenir du pays où, près de ses torrents paisibles, elle habitait avant qu’il vînt combattre pour Conmor.

« Fille des étrangers, dit-il (elle, tremblante, se détourna), depuis longtemps j’ai reconnu sous ton armure, le jeune pin d’Inis-huna ! Mais mon âme, me suis-je dit, est enveloppée dans un orage et ce rayon d’amour ne doit se lever pour moi qu’au retour de la paix. Ai-je pâli en ta présence, quand tu m’as invité à redouter le roi ? Le temps du danger, ô vierge, est la saison de mon âme ; car elle grandit alors, et, torrent impétueux, elle me roule à l’ennemi !

« Sous le rocher de Lona que couvre la mousse, non loin de son torrent, blanc sous ses boucles de vieillesse, demeure Clonmal, le roi des harpes. Au-dessus de lui un arbre gémit au vent et les chevreuils bondissent. Le bruit de nos armes arrive à son oreille, tandis qu’il se penche sur les pensées des siècles. Sul-malla, repose-toi dans ce lieu jusqu’à ce que le combat ait cessé ; jusqu’à ce que de retour dans mes armes, je sorte du sein des nocturnes brouillards qui flottent sur Lona, près de la retraite de mon amour. »

Un rayon de joie tomba sur l’âme de la jeune fille : rayonnante, elle se leva devant le roi. Elle