du généreux Conlath. Ma course était près d’une île
déserte où Cathona poursuivait les chevreuils. Je la
vis, semblable à ce rayon de soleil qui sort de ce
nuage ; ses cheveux flottaient sur son sein palpitant.
Se penchant en avant, elle tirait l’arc, et son bras
blanc brillait derrière elle, comme la neige du
Cromla. Viens sur mon âme, m’écriai-je, ô chasseresse
de cette île déserte ! Mais dans les larmes elle
dépense ses heures ; elle rêve au généreux Conlath.
Où puis-je trouver pour toi la paix, Cuthona, ô
jeune et belle vierge !
Loin d’ici, une colline escarpée se penche sur la
mer avec ses arbres antiques et ses rochers couverts
de mousse ; la vague roule à ses pieds ; sur ses flancs
est la demeure des chevreuils ; on la nomme Mora.
Là s’élèvent les tours de mon amant ; là, Conlath,
les yeux sur la mer, attend son unique amour. Les
filles de la chasse revinrent et Conlath vit leurs yeux
baissés. « Où est la fille de Rumar ? » Mais elles ne répondirent point. Fils d’une terre lointaine, la
paix, pour moi, habite sur le Mora !
Cuthona retrouvera la paix ; elle retournera vers
les tours du généreux Conlath ; il est l’ami de Toscar.
Il m’a fêté dans son palais. Levez-vous douces
brises d’Érin ! Tendez mes voiles vers les rives du
Mora. Cuthona reposera heureux sur le Mora ; mais
les jours de Toscar seront tristes. Je m’asseoirai dans
ma caverne, sur la plaine du soleil. Le vent frémira
dans mes arbres et je rêverai que c’est la voix de
Cuthona. Mais elle sera loin, bien loin, dans le palais
du puissant Conlath.
Ah ! quel est ce nuage ? Il porte les ombres de mes