Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


TOSCAR.

La nuit était orageuse. De leurs montagnes tombaient les chênes gémissants ; la mer sombre roulait sous les vents, et les vagues rugissantes s’élançaient contre nos rochers ; les éclairs brillaient et montraient souvent la fougère desséchée. Fercuth, je vis le fantôme qui troublait la nuit : il était debout et silencieux sur ce rivage, sa robe de vapeur flottait sur le vent ; je pouvais voir ses larmes ; il semblait un vieillard plein de pensées !

FERCUTH.

C’était ton père, ô Toscar ! il prévoit la mort de quelqu’un de sa race. Tel il apparut sur le Cromla, avant la chute du grand Maronnan. Érin aux collines de verdure, que tes vallées sont agréables ! le silence est sur les rives de tes bleus ruisseaux ; le soleil est sur tes plaines. Doux est le son de la harpe dans Selama ; agréable sur le Cromla est le cri du chasseur ! Mais nous sommes dans la sombre I-thona, environnés par la teuipète. Les vagues lèvent leurs blanches têtes au-dessus de nos rochers et nous tremblons au milieu de la nuit.

TOSCAR.

Fercuth aux boucles de vieillesse, où s’est envolée ton âme belliqueuse ? Je t’ai vu intrépide dans les dahgers ; tes yeux brûlaient de joie dans les batailles. Où s’est envolée ton ame belliqueuse ? Nos pères n’ont jamais eu peur ! Regarde : la mer se calme, les vents orageux se taisent ; les vagues tremblent encore sur l’abîme, elles semblent craindre la tempête. Regarde : la mer se calme. Le matin blanchit sur nos rochers. Le soleil bientôt sortira de l’Orient, dans tout l’orgueil de sa lumière !

Avec joie j’avais levé mes voiles devant le palais