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CATH-LODA.

inégaux, elle jette un chant brisé sur les vents et par moments elle agite ses bras blancs ; car la douleur habite dans son âme.

« Torcul-torno, aux cheveux âgés, disait-elle, où sont maintenant tes pas ? Est-ce sur les rives du Lulan ? Père de Conban-Cârgla, tu as succombé au bord de tes torrents ! Mais je te vois, chef de Lulan, chassant près du palais de Loda, quand la nuit au noir manteau roule au milieu des cieux. Parfois tu caches la lune avec ton bouclier ; je l’ai vue obscure dans le ciel. Tu allumes tes cheveux au feu des météores et tu vogues à travers la nuit. Pourquoi suis-je oubliée dans ma caverne, ô roi des sangliers à l’épaisse crinière ? Du palais de Loda jette les yeux sur ta fille délaissée ! »

« Qui es-tu, voix de la nuit, dit Fingal ?

Elle, tremblante, s’éloigne.

Qui es-tu dans les ténèbres ?

Elle disparaît dans la caverne.

Le roi délia ses mains et s’informa de ses pères. « Torcul-torno, dit-elle, demeurait autrefois près du torrent écumeux de Lulan. Il demeurait — mais maintenant, dans le palais de Loda il agite la coupe sonore. Starno de Lochlin et lui se rencontrèrent en armes : longtemps combattirent les rois aux yeux sombres. Mon père, Torcul-torno au bouclier bleu, tomba baigné dans son sang. Au pied d’un rocher, près du torrent de Lulan, j’avais percé la biche bondissante. Ma blanche main rassemblait mes cheveux qui flottaient sur la brise. J’entendis un bruit, je levai les yeux et mon doux sein se gonfla. Je dirigeais mes pas vers Lulan pour te rejoindre ô Torcul-torno ! mais ce fut Starno le roi terrible ! Ses yeux enflammés roulaient sur moi avec amour. Ses sourcils épais se fronçaient sombrement sur son sourire forcé. « Où est mon père, m’écriai-je, celui qui fut puissant dans la guerre ? » « Tu es seule au