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CHANT DEUXIÈME.

de commencer ses chants. « Celui qui est là, couché sur la terre, n’était point un météore prêt à s’évanouir ; un feu qui se montre et disparaît aussitôt dans la nuit : il était comme le soleil aux rayons puissants, qui s’est réjoui longtemps sur sa colline ; de leurs antiques demeures évoque les noms de ses ancêtres ! »

l-thorno, dit le barde, qui te lèves du sein des vagues agitées ! pourquoi ta tête est-elle si ténébreuse au milieu des brumes de l’Océan ? De tes vallons descendit une race audacieuse comme les aigles aux fortes ailes : la race de Colgorm aux boucliers de fer, les habitants du palais de Loda.

Dans l’île retentissante de Tormoth s’élève Lurthan, la colline des torrents ; elle penche sa tête boisée sur une vallée silencieuse. Là, près de la source écumeuse du Cruruth, demeurait Rurmar, le chasseur des sangliers ; sa fille, Strina-dona aux seins blancs, était belle comme le rayon du soleil.

Plus d’un roi fils de héros, plus d’un héros aux boucliers de fer, plus d’un jeune guerrier à la riche chevelure, vinrent au palais de Rurmar. Ils y vinrent pour courtiser la jeune fille, la superbe chasseresse de la sauvage Tormoth. Mais insoucieuse, tu les regardais à peine, ô belle et blanche Strina-dona !

Errait-elle sur la bruyère, sa gorge était plus blanche que le duvet de la cona[1] ; sur le rivage battu des vagues, plus blanche que l’écume de la mer. Ses yeux étaient deux étoiles de lumière ; son visage, l’arc du ciel dans la pluie ; ses noirs cheveux descendaient comme des nuages flottants. Tu fus l’habitante des âmes, ô Strina-dona aux blanches mains !

Colgorm vint dans son navire avec son frère

  1. La cona est une plante qui croît abondamment sur les landes marécageuses du nord.