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CHANT TROISIÈME.

Où ont-elles caché dans les brouillards, leurs zones de diverses couleurs ?

Je regarde dans les temps du passé, mais aux yeux d’Ossian, ils paraissent obscurs comme les rayons de la lune réfléchis sur un lac éloigné. Ici s’élèvent les flammes rouges de la guerre ; là repose silencieuse une race affaiblie qui passe avec lenteur sans marquer les années de ses glorieuses actions. Ô toi qui demeures entre les boucliers, toi qui réveilles l’âme assoupie, de ta muraille, harpe de Cona, descends avec tes trois voix ! Viens avec ce qui rallume le passé, et fais sortir les formes des vieux temps de leurs ténébreuses années.

U-thorno, colline des orages, je vois ma race sur tes flancs ! Fingal se penche dans la nuit sur la tombe de Duth-maruno. Près de lui sont les guerriers de ce chef, les chasseurs du sanglier. Sur la rive du Turthor, l’armée de Lochlin est plongée dans les ténèbres. Leurs rois irrités se tenaient sur deux collines : appuyés sur leurs boucliers, ils contemplaient les rouges étoiles de la nuit cheminant vers l’Occident. Cruth-loda, semblable à un météore informe, se penche du sein des nuages. Il déchaîne les vents et les marque de ses signes. Starno prévoit que le roi de Morven ne cédera point dans le combat.

Deux fois Starno frappe avec colère l’arbre de Loda. Il s’élance vers son fils, il murmure un chant menaçant et prête l’oreille au bruit du vent dans ses cheveux. Tournés chacun d’un côté opposé, ils se tenaient debout, comme deux chênes qui, courbés par des vents contraires, se penchent, chacun sur son ruisseau, et secouent leurs branches dans la course des vents.

« Annir, dit Starno des lacs, était un feu qui consumait jadis. Ses yeux lançaient la mort dans les champs de bataille ; sa joie était dans la chute des