éveiller l’attention, l’intérêt, la curiosité ? Il s’agissait du pays qui a donné aux Russes la science, l’instruction, la civilisation européenne. Un tel spectacle était une leçon ! Enfin c’était là de l’histoire et l’histoire est la science qui a pour objet l’avenir. « Suis-je coupable parce que j’envisage d’une façon sérieuse la crise qui déchire la malheureuse France et la précipite dans le deuil ; parce que j’admets peut-être que cette crise historique est un état passager mais inévitable dans la vie de ce peuple et qui le mène à un meilleur avenir ? Si j’ai parlé de la l’évolution de France, si je me suis permis de juger les événements actuels, s’ensuit-il que je sois libre penseur, que je nourrisse des idées révolutionnaires et que, adversaire de l’autocratie, je tâche de la miner par la base ? Point du tout ! Pour moi, il n’y a jamais eu rien de plus insensé que l’idée d’un gouvernement républicain en Russie. Tous mes amis me connaissent cette opinion-là. Une pareille inculpation démentirait toutes mes convictions, toute mon éducation. »
Non content de confesser qu’il ne veut pas de République en Russie, Dostoïevsky trouve nécessaire d’affirmer que tout ce qu’il y a eu de bien en Russie, depuis Pierre le Grand, est allé de haut en bas, du trône au peuple ; d’en bas, au contraire, rien n’est monté à la surface qu’égoïsme et grossièreté. Il fait peu de cas de la République de Novgorod qui s’est maintenue pendant plusieurs siècles sur le sol russe.
Quant à la censure, Dostoïevsky avoue qu’il lui est douloureux de voir l’état d’homme de lettres près d’être supprimé grâce à la méfiance de la censure ; car celle-ci considère le littérateur, même avant qu’il ait écrit quelque chose, comme un ennemi du pouvoir souverain et se dispose à mutiler son manuscrit avec une prévention évidente. Il demande qu’on examine tout ce qu’il a écrit et imprimé, qu’on lise ensuite les manuscrits de ses ouvrages