Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/100

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dant que Wurtz, qui avait exprimé ces idées, faisait l’expérience et trouvait que la vapeur d’hydrate de chloral se comportait comme une vapeur humide, ses adversaires prétendaient avoir observé le contraire. Ainsi l’affaire semblait demeurer indécise. La discussion s’était limitée à un petit groupe de chimistes, et il ne paraissait pas très urgent de faire des efforts particuliers pour les convertir, ce qui semblait d’ailleurs sans espoir.

Plus récemment, des faits tout différents ont très heureusement permis de combler cette lacune. On avait observé que beaucoup de gaz, qui réagissaient très vivement les uns sur les autres dans les conditions ordinaires, perdaient cette tendance, si on les débarrassait très soigneusement de toute trace de vapeur d’eau. On pouvait expliquer cela en disant que la vapeur agit dans ces circonstances comme un catalyseur, c’est-à-dire accélère notablement la réaction, extraordinairement lente pour les gaz secs. Si, à l’avance, on débarrasse aussi complètement que possible le sel ammoniac de son eau (les appareils doivent naturellement être desséchés en même temps avec un soin extrême), il se dissocie si lentement qu’on peut facilement observer sa densité normale. En ajoutant une trace de vapeur d’eau, on voit le volume se doubler. De même, un mélange d’acide chlorhydrique et d’ammoniaque, à l’état sec, se combine lui aussi tout à fait lentement, de façon inappréciable, comme