Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/121

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naît guère de principes déterminés, sauf la tendance à un arrangement aussi symétrique que possible, tendance qui depuis lors est restée pour les procédés analogues destinés à rendre les choses intuitives un fil directeur plus ou moins reconnu. Il n’y a pas deux façons de concevoir la combinaison de deux atomes : ils sont liés l’un à l’autre de façon identique et réciproque. Il faut au moins trois atomes pour que plusieurs arrangements soient possibles, et les questions de constitution ne se sont posées que lorsqu’on connut un certain nombre de combinaisons assez complexes.

Historiquement ces questions se posèrent pour la première fois à l’occasion des sels oxygénés, qui contiennent, à côté de l’oxygène et d’un métal, un autre élément non métallique, ou parfois même métallique. Dès qu’on connut un peu exactement les phénomènes chimiques, les sels occupèrent le premier rang et nous avons signalé plusieurs fois le rôle décisif que la théorie des sels a joué dans le développement des vues générales. Leur constitution était si notoire qu’on la considérait comme quelque chose qui allait de soi, c’est-à-dire qu’elle ne paraissait pas nécessiter de discussion plus approfondie : leur étude a pourtant fait connaître un fait fondamental, la nature binaire des sels. Au commencement du XIXe siècle, la chimie des sels constituait à peu près tout ce qu’on savait des phénomènes chi-