Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/14

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ganiques, la chimie et la physique. En chimie, elle a abouti, depuis plus d’un siècle, à la notion d’élément chimique, dont nous étudierons tout d’abord le développement ; elle a donné en physique un concept plus général encore, dont on n’a pas reconnu jusqu’ici toute l’importance. C’est le concept d’énergie, le plus général et, par suite, le plus élémentaire de tous ceux qui impriment aux sciences physiques leurs caractères. L’énergie, d’ailleurs, n’est pas un élément pondérable comme les éléments chimiques ; mais elle est une grandeur mesurable pour laquelle, comme pour les éléments chimiques, il existe une loi de conservation, qui sert de clef de voûte à toutes les branches des sciences physiques.

Dès qu’une notion directrice s’est introduite dans une science quelle qu’elle soit, il importerait avant tout, semble-t-il, de savoir si la formation de ce concept est exacte ou conforme à son but. Mais on ne s’en inquiète généralement pas dans la suite : cette première création paraît si imposante que l’on conserve sans plus la forme une fois atteinte, et que les critiques de la postérité portent seulement sur des questions secondaires. Ainsi les successeurs et les émules de Thalès ne se sont pas demandé le moins du monde s’il était possible d’établir que tout ce qui existe actuellement s’était formé au moyen d’un seul élément ; ils ont accepté d’emblée cette hypothèse, et se sont bornés à mon-