Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/203

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de la pile, resta sans résultats. Mais quand eut pâli la première splendeur de la théorie de Volta, des doutes plus ou moins conscients se firent jour, parce qu’elle indiquait bien le siège, mais non l’origine de la force électromotrice dans la pile. Aujourd’hui, nous n’hésiterions pas à déclarer que, sans une modification concomitante, un pur contact ne saurait créer le courant de la pile et par lui produire du travail ; pour nous, il faut nécessairement qu’en un endroit quelconque il se dépense une quantité d’énergie corrélative, et nous ne devons chercher cette énergie que dans les phénomènes chimiques qui se produisent entre métal et liquide. Mais nous n’avons pas le droit d’oublier que ces faits se passaient dans les premières années du xixe siècle, et que la loi de conservation de l’énergie n’était encore qu’une vague idée de quelques pionniers d’avant-garde. Chez quelques savants, il y avait bien une répugnance à l’égard des violations flagrantes de cette loi, mais ce n’était qu’une répugnance instinctive, et non la conséquence d’un raisonnement réfléchi.

Les partisans de la théorie chimique ne pouvaient donc prendre leurs raisons dans ce point encore obscur. Ils n’avaient recours qu’à des arguments moins frappants que les contactistes pouvaient repousser avec succès. Par exemple les chimistes faisaient valoir contre l’expérience fondamentale de Volta que la présence inévitable de