Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/220

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la limite jusqu’à laquelle nous pouvions pousser la séparation des corps, et, sur ce point, il a été réfuté par Proust. Quoique contredites par l’expérience, les vues de Berthollet contenaient une part de vérité, mais la science de cette époque n’était pas encore assez avancée pour qu’on pût s’en apercevoir.

Voilà assurément une raison pour laquelle le livre de Berthollet n’eut pas d’action ; mais ce n’est pas tout, car, même après sa polémique avec Proust, l’autorité de Berthollet ne fut pas sensiblement amoindrie. Seulement son œuvre est de celles que tout le monde loue, et que personne ne lit. Même aujourd’hui, si on cherche à approfondir le travail de Berthollet à la lumière d’une science plus avancée, on est bientôt déçu, et on le laisse de côté : pour exercer une influence profonde sur une science, dans laquelle de nouveaux faits intéressants surgissent tous les jours, il contient trop peu de choses bien déterminées dont l’expérience puisse profiter.

Le développement de la chimie fut influencé d’une manière définitive par les autres découvertes du début du xixe siècle. Nous connaissons déjà les principales. D’abord les lois de la stœchiométrie, confirmées partout où on cherchait à les appliquer sous la forme imagée et intuitive de la théorie atomique, puis les étonnantes découvertes de l’électrochimie, enfin le développement envahissant de