Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/224

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conception de Berthollet étaient peu connus, et encore moins étudiés. Le premier essai fait par Thomsen, pour appliquer les méthodes thermochimiques aux problèmes de la formation des sels, et de la concurrence des acides en présence d’une base, avait bien confirmé le point de vue sous lequel Berthollet envisageait l’équilibre chimique, mais on était alors trop éloigné de cette vue d’ensemble, pour qu’elle pût attirer l’attention et exercer une influence plus générale.

Ce fut l’origine d’une lutte longue et acharnée entre la nouvelle forme de l’ancienne théorie de Bergman, qui semblait morte depuis longtemps, d’une part, et, d’autre part, les faits et la connaissance plus mûrie des lois directrices. Il s’agit ici d’une méprise tout à fait analogue à celle qui avait commencé par le calcul de la force électromotrice d’une pile à partir de la chaleur totale (p. 198) : dans les deux cas on mit fin à l’erreur en reconnaissant que les phénomènes ne sont pas régis par la différence de l’énergie totale, mais par celle de l’énergie libre. Bien souvent l’énergie libre n’est pas très différente de l’énergie totale, et alors la considération des quantités de chaleur conduit à des résultats peu éloignés de la vérité. Ce sont ces cas, qui ont fait croire à l’exactitude du principe général, et l’ont fait maintenir malgré les contradictions toujours plus nombreuses. Les faits firent abandonner cette théorie thermochimique sans